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5 mai 2025Affaire Sukuk Sogepa : dix bâtiments publics au cœur d’un montage suspect, 114,4 milliards F CFA non tracés par le Trésor
Parmi les dossiers transmis à la justice par la Cour des comptes sur la gestion des finances publiques entre 2019 et avril 2024, figure l’affaire baptisée Sukuk Sogepa (Société nationale de gestion et d’exploitation du patrimoine bâti de l’État). Il s’agit d’un emprunt obligataire de 330 milliards de francs CFA lancé le 21 avril 2022. Initiateur de l’opération, l’État a reçu 247 milliards 338 millions 615 mille 804 francs CFA.
L’Observateur, qui explore ce dossier dans son édition de ce lundi 5 mai, rapporte que l’argent a été déposé par la Banque islamique du Sénégal (BIS) dans le compte de l’État dénommé «Relance de l’économie». Mais si le Trésor public a pu tracer 132,9 milliards des fonds, 114,4 milliards sont passés sous les radars.
«Selon les révélations de la banque [BIS] transmises à la Cour des comptes, aucun dossier d’ouverture de compte n’a été retrouvé et les ordres de virement présentés sont signés par le Directeur général du Budget (DGB) et non le ministre des Finances et du Budget», rapporte le quotidien du Groupe futurs médias. Qui ajoute : «Positionné le 11 mai 2022, l’argent a ainsi été exécuté en marge des procédures budgétaires et comptables de l’État du Sénégal.»
Interpellé par le journal sur ce constat de la Cour des comptes, «une ancienne autorité du ministère des Finances et du Budget tient à nuancer». «Selon lui, les 114 milliards de F CFA en question ont été engagés dans le cadre d’opérations courantes destinées à payer des fournisseurs, rembourser des opérations de trésorerie avec des banques ou encore abonder le budget de fonctionnement de certaines structures publiques», rapporte L’Observateur dont la source cite parmi les entités bénéficiaires de ces fonds, la Sofico de Tahirou Sarr (32 milliards F CFA) et la Sonacos. «Sans autres précisions», relève le journal.
Autre point de l’affaire qui a suscité la curiosité des auditeurs de la Cour des comptes : le montage de l’emprunt. «Pour réaliser cette opération, l’État a procédé à la vente de certains de ses immeubles bâtis à la Sogepa, informe L’Observateur. Dix bâtiments publics emblématiques, nichés en plein cœur du centre-ville dakarois ont ainsi été vendus pour 198,092 milliards F CFA sur la base d’un rapport d’évaluation et après un avis favorable rendu par la Commission de contrôle des opérations domaniales (COD), après consultation à domicile. Ces joyaux, passés sous pavillon Sogepa, ont été injectés dans un fonds commun de titrisation, servant de tremplin pour la mobilisation de l’emprunt.»
Ce n’est pas tout. «Les immeubles sont ensuite loués à l’État lui-même dont les loyers alimentent les revenus des investisseurs. Et à l’échéance, comme dans un tour de magie à rebours, l’actif est racheté pour souder le capital et refermer le cycle de l’opération», signale L’Observateur.
La justice est chargée de faire la lumière sur cette affaire qui pourrait devenir, de l’avis du quotidien du Groupe futurs médias, «l’un des plus gros scandales financiers de l’ère Macky Sall».